Tech Paf : comment gérer la dette technique avec une vision éthique ?

Comprendre la dette technique

La dette technique est une métaphore utilisée en développement logiciel pour désigner le coût futur engendré par des choix techniques sous-optimaux pris à un moment donné. Cela peut inclure du code mal structuré, des raccourcis pris pour livrer rapidement un produit, ou encore un manque de documentation.

Elle est souvent accumulée pour des raisons légitimes : pression du marché, manque de ressources, ou priorisation des fonctionnalités business. Cependant, une dette technique mal gérée peut ralentir le développement, augmenter les coûts et compromettre la qualité du logiciel.

Pourquoi la dette technique pose souvent un problème éthique ?

Gérer la dette technique ne se résume pas seulement à une question de performance ou de coût. Il y a aussi un aspect éthique tacite, car un mauvais choix technique peut :

  • Impacter les utilisateurs : failles de sécurité, bugs, problèmes de performance qui dégradent l’expérience utilisateur… Si ce sont des aspects connus de la dette technique d’un projet, qui auraient dû être corrigés, ça pose un souci non ?
  • Démotiver les développeurs : travailler constamment sur du code ou des projets en mauvais état peut générer stress, turnover, démotivation.
  • Créer un impact environnemental : Un logiciel ou un système inefficace consomme généralement plus de ressources (serveurs, électricité, bande passante), contribuant ainsi à une empreinte carbone plus élevée.
  • Compromettre la pérennité d’un projet : Un code difficile à maintenir peut rendre un produit obsolète ou ingérable sur le long terme (ce qui peut invalider sa mission ou sa stratégie).

Comment gérer la dette technique de manière éthique ?

Reconnaître et mesurer la dette technique

L’éthique commence par la transparence. Il faut donc documenter et évaluer la dette technique pour éviter de la cacher sous le tapis. Cela peut se faire en :

  • Maintenant un backlog spécifique à la dette technique.
  • Utilisant des outils d’analyse statique du code pour détecter des problèmes (SonarQube, ESLint, CodeClimate).
  • Évaluant régulièrement l’état du code via des revues de code et audits techniques.

Intégrer la gestion de la dette technique dans la roadmap

Ne pas traiter la dette technique revient à contracter un crédit sans jamais le rembourser, jusqu’au moment où les traites deviennent trop importantes pour être soutenables. Pour éviter cela :

  • Allouer un pourcentage du temps de développement à la réduction de la dette technique (par exemple, 10 à 20 % par sprint).
  • Prioriser la dette technique en fonction de son impact : une dette qui nuit à la sécurité ou à la scalabilité doit être traitée rapidement.
  • Sensibiliser les parties prenantes (clients, managers) à l’importance d’un code propre et durable.

Éviter l’accumulation de nouvelle dette technique

  • Former les équipes aux bonnes pratiques de développement (TDD, clean code, patterns d’architecture).
  • Encourager la documentation et le pair programming pour améliorer la maintenabilité du code.
  • Adopter une culture DevOps avec CI/CD et des tests automatisés pour détecter les erreurs tôt.

Assurer une dette technique éthique

Plutôt que de tout supprimer, il faut adopter une approche responsable :

  • Faire la différence entre une dette technique acceptable et une dette toxique.
  • Communiquer de manière transparente avec l’équipe et les parties prenantes sur les choix techniques et leurs conséquences.
  • Éviter les solutions de court terme qui compromettent l’éthique (exemple : hard-coder des valeurs pour accélérer une livraison, au détriment de la scalabilité).

En bref : un équilibre entre pragmatisme et responsabilité

Gérer la dette technique tout en maintenant une vision éthique ne signifie pas viser la perfection, mais plutôt trouver un équilibre entre la rapidité de livraison et la durabilité du produit.

L’éthique dans la tech passe par une prise de décision responsable qui favorise une bonne expérience utilisateur, la santé des développeurs et du projet, et la longévité du logiciel.

Un bon code, c’est un code qui fonctionne, mais aussi un code qui dure !